Comment gérer une blessure de surmenage au tendon d'Achille sans interrompre totalement l'entraînement

Comment gérer une blessure de surmenage au tendon d'Achille sans interrompre totalement l'entraînement

Je parle ici en tant qu'athlète polyvalente et rédactrice, mais surtout en tant que pratiquante qui s'est déjà retrouvée face à un tendon d'Achille douloureux au pire moment d'une préparation. Gérer une blessure de surmenage au tendon d'Achille sans interrompre totalement l'entraînement est possible, à condition d'être pragmatique, rigoureuse et patient(e). Voici mon approche, basée sur l'expérience personnelle, les retours de kinés et des protocoles reconnus.

Comprendre ce qu'est une blessure de surmenage au tendon d'Achille

Avant tout, il faut différencier douleur aiguë (rupture) et douleur chronique liée au surmenage (tendinopathie ou tendinose). La tendinopathie se manifeste souvent par :

  • Douleur progressive au niveau du tendon, généralement 2–6 cm au-dessus de l'insertion sur le calcanéum.
  • Raideur matinale et douleur qui diminue au cours d'une activité puis peut augmenter après l'effort.
  • Sensibilité et parfois épaississement du tendon.
  • Si la douleur est très violente, accompagnée d'un craquement et d'une incapacité à monter sur la pointe du pied, consultez en urgence (risque de rupture).

    Mon principe de base : réduire la charge, pas l'activité

    J'ai appris que l'immobilisation complète n'est pas toujours la meilleure solution. Le tendon aime la charge progressive et contrôlée. Mon objectif : préserver une stimulation neuromusculaire et cardiorespiratoire sans aggraver la lésion.

    Évaluation et partenariat avec un professionnel

    Dès les premiers symptômes, je prends rendez-vous avec un kiné/physio ou un médecin du sport. L'échographie ou l'IRM n'est pas systématique mais utile si l'évolution est mauvaise. Le professionnel va :

  • Évaluer la gravité (douleur, force, amplitude).
  • Donner un plan de charge individualisé.
  • Proposer des techniques manuelles, ondes de choc si pertinent, ou des orthèses temporaires.
  • Stratégies d'entraînement pour continuer sans empirer

    Voici les adaptations que j'applique et que je recommande :

  • Réduire l'intensité et le volume : diminuer le kilométrage, éviter les séances longues et les pentes raides (surtout les descentes qui sollicitent fortement le tendon).
  • Modifier la mécanique : privilégier des chaussures avec bon amorti et un drop modéré pour réduire la tension (par exemple Hoka ou Brooks pour amortir, ou Asics Nimbus). Tester une talonnette temporaire peut aussi être utile.
  • Cross-training : natation, vélo, aquajogging, rameur sont d'excellentes alternatives. Ils maintiennent le cardio sans la surcharge excentrique répétée du tendon.
  • Séances courtes et qualitatives : fractionnés très modérés (par ex. 30/30 à faible rythme) ou séances de seuil faible plutôt que intervalles puissants.
  • Repos relatif : journées sans impact complet, sommeil et récupération active (marche douce, mobilité).
  • Exercices clés : isométriques puis excentriques

    Je pratique cette progression en accord avec mon kiné :

  • Phase isométrique (douleur aiguë ou élevée) : contractions isométriques de mollet contre un mur ou en position debout, 5 séries de 45 s, 2 fois par jour. Elles réduisent souvent la douleur rapidement.
  • Phase excentrique (quand la douleur matinale baisse) : le protocole de Alfredson (élévations du talon sur une marche, 3 séries de 15 répétitions, 2 fois par jour) est éprouvé. Adapter la charge avec un sac ou un élastique si nécessaire.
  • Renforcement global : travail unipodal, plyométrie douce et progression vers sauts contrôlés quand la tolérance augmente.
  • Suivi de la douleur : règle pratique

    J'utilise la règle suivante pour savoir si j'ai trop poussé :

  • Douleur pendant l'effort acceptable si elle reste ≤ 3–4/10 et ne s'aggrave pas dans les 24 heures.
  • Si la douleur augmente de façon notable ou persiste après 48h, réduire la charge.
  • Matériel et aides que j'ai testés

    Quelques outils qui m'ont aidée :

  • Baskets amortissantes (Hoka Clifton, Brooks Glycerin) pour sorties à faible intensité.
  • Talonnettes en gel (Superfeet Gel) pour réduire la tension sur le tendon.
  • Élastiques de résistance (TheraBand) pour le renforcement progressif.
  • Chaussures de vélo avec cales correctement positionnées (si cyclisme utilisé en remplacement).
  • Autres facteurs clés : sommeil, nutrition, inflammation

    On oublie souvent le rôle de la récupération systémique :

  • Sommeil : 7–9 heures favorisent la réparation tissulaire.
  • Nutrition : protéines suffisantes (1.4–2 g/kg si entraînement), vitamine C, collagène + vitamine C avant l'entraînement (quelques études prometteuses), oméga-3 si inflammation chronique.
  • Médicaments : AINS à utiliser ponctuellement et uniquement sur avis médical — ils masquent la douleur mais n'accélèrent pas la guérison tendonale.
  • Plan de charge type (exemple sur 4 semaines)

    SemaineObjectifExemple d'activité
    Semaine 1Réduire douleur, maintenir cardio3 séances vélo 45' modérées, 2 sessions isométriques, marche quotidienne
    Semaine 2Réintroduire charges spécifiques légères2 sorties running très courtes (20-30') sur plat, vélo 2x45', excentriques légers
    Semaine 3Renforcement progressif1 sortie running 40' avec 10' à rythme contrôlé, 2 séances de renforcement, vélo ou natation
    Semaine 4Augmenter tolérance2 sorties running 40-60' faciles, introduction de courts segments off-road doux, plyométrie légère

    Quand reprendre vraiment l'entraînement intensif ?

    Je reprends les séances intenses seulement quand :

  • La douleur est faible ou absente à l'échauffement.
  • Je peux faire 10 répétitions d'excentriques sans douleur augmentée dans les 48h.
  • La force unipodale est proche de la jambe saine (≥ 90%).
  • Ce que j'évite absolument

    Quelques erreurs que j'ai commises et que j'évite maintenant :

  • Ignorer la douleur et continuer les mêmes séances.
  • Changer trop fréquemment de solution (chaussures, semelles) sans laisser le tendon s'adapter.
  • Retourner prématurément au terrain accidenté ou aux descentes techniques.
  • Si malgré toutes ces précautions la douleur persiste ou s'aggrave, il faut envisager un arrêt complet et des examens complémentaires. Mais dans la majorité des cas de tendinopathie de surmenage, une stratégie fondée sur réduction de charge, renforcement ciblé et adaptations d'entraînement permet de continuer à s'entraîner—plus intelligemment—tout en favorisant la guérison.


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